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Interview étudiants IDRECOM partie 1

La Guadeloupe et la Martinique sont les deux territoires ultramarins français les plus concernés par un net recul démographique – 3 % pour la Guadeloupe où, en 23 ans, la population est passée de 385 609 habitants en 1999 à 372 900 habitants en 2022, soit une perte moyenne de 16 213 habitants par an.

Depuis 2013, la population de l’archipel diminue de 0,8 % par an en moyenne, soit près de 3 000, essentiellement des jeunes qui partent pour aller chercher ailleurs un meilleur avenir.

En Martinique, le mouvement est le même, la population s’établit aujourd’hui à 373 762 habitants.

Selon les prévisions, avec ces soldes migratoires négatifs, ces territoires seront les plus vieux de France d’ici à 2030.

Ce sujet dont les enjeux se déclinent à différents niveaux, social, sociétal et économique, a déjà fait l’objet de moults débats et prises de positions, très souvent, par le double prisme du constat et du débat politique ; les partis de tous bords confondus s’étant emparés du sujet.

Parallèlement, des initiatives ont été amorcées notamment sous l’impulsion de la sénatrice Catherine CONCONNE en lien avec l’association « allé-viré ». L’objectif visé était de favoriser le retour direct des postulants aux retours par le biais de l’accès à l’emploi sur des postes identifiés.

Bien que salutaire, ce premier niveau de réponse, ne peut encore donner lieu à une évaluation sérieuse sur ses retombées réelles car nous manquons de recul.

Il nous semble néanmoins utile et opportun de comprendre les causes, les ressorts et les mécanismes qui sous-tendent le mouvement migratoire afin de déconstruire certains biais d’analyse, de ramener de la rationalité dans les débats pour identifier les différents niveaux d’action où il sera possible de construire les réponses les mieux adaptées.

Nous avons donc décidé, dans un premier temps, de donner la parole aux intéressés qu’on n’entend pas suffisamment quant à cette problématique qui les concerne d’abord. Nous publions cette première partie de témoignages auxquels vous pouvez réagir.

Coralie, 22 ans Martinique.

Ingénieure agro-alimentaire en marketing et spécialisée dans le marketing et la communication.

« Au départ, je souhaitais développer des produits locaux en Martinique car il s’agit d’une possibilité de débouchés là-bas. Puis, j’ai réalisé qu’on pouvait aller dans d’autres domaines notamment les cosmétiques ou même se spécialiser dans le marketing. Mon but est de retourner au pays et de valoriser le patrimoine martiniquais.

Ma famille y habite et j’apprécie énormément le cadre de vie.

Cela étant dit, je ne compte pas revenir tout de suite, je compte acquérir de l’expérience ailleurs dans le monde pour ensuite pouvoir redonner ce que j’aurai appris à l’île. »

Ilona, 23 ans, Nouvelle-Calédonie

Étudiante en école d’ingénieur en agro-alimentaire.

« J’ai fait ce choix car sur mon île, il n’y a pas beaucoup de formations post-bac.

J’ai commencé une prépa universitaire mais cela ne m’a pas plu donc je me suis réorientée en France hexagonale, car il n’y avait rien d’autre qui me plaisait sur le territoire…

Oui, pourquoi pas retourner y vivre, mais dans quelques années, pas tout de suite après les études.

D’abord j’aimerais voyager et me faire de l’expérience, si possible à l’étranger.

Mais par la suite, j’ai un projet professionnel avec ma sœur là-bas, donc si d’ici là on est toujours motivées, je rentrerai pour faire ça avec elle ! Ça dépendra aussi si ma famille reste là-bas, car ils me manquent beaucoup donc je ferai aussi en fonction d’eux. »

Naïma, 24 ans, La Réunion

Infirmière de réanimation depuis 2020.

« J’ai dû quitter mon île en 2017 car j’ai réussi 7 concours IDE ici en métropole et j’ai raté l’unique concours IDE de mon île. Je suis venue car je voulais absolument faire cette école d’infirmière.

Oui je pense revenir car je souhaite être auprès de ma famille et amis là où j’ai grandi. J’aimerais retrouver la chaleur de mon île.

Également, j’aimerais contribuer à enrichir mon île et mon corps professionnel (infirmière) de par l’expérience que j’ai acquise ici dans l’Hexagone durant ses années d’études, de stages et de carrière. J’aimerais pouvoir contribuer au développement professionnel de mon île en mettant en avant le recrutement de la population locale. Et ainsi participer à la vie active de la Réunion et l’aider à se développer.

Flaurelle, 23 ans, La Réunion

Infirmière.

« Je souhaitais avoir une expérience extérieure, avec un autre mode de fonctionnement/pédagogie et un nouvel environnement, mais par-dessus tout, être indépendante des parents ….partir pour mieux revenir avec de bons bagages.

De même, j’ai expérimenté la vie en métropole et à la Réunion, ce qui me permet donc de savoir le mode de vie que je souhaite avoir !

Mon pays et ma famille me manquent. L’hiver est rude…j’ai du mal à m’adapter…un retour aux racines me fera du bien. 4 ans d’expériences en métropole dont 1 an de travail m’ont permis d’acquérir un savoir-être et un savoir-faire différent ! »

Matisse, 22 ans, Martinique

Étudiant en 2ème année de Licence LLCER (Langues, Littératures, Civilisations Étrangères et Régionales) Anglais – Parcours communication à l’université de Créteil (UPEC)

« Aimant la langue anglaise et ayant initialement pour objectif de reprise d’étude dans le domaine de la communication, il était évident pour moi de choisir cette filière qui allie ces deux domaines.

Je ne pense pas revenir vivre sur mon île, du moins pas avant au moins dix ans.

Voulant travailler dans le monde de la mode, les opportunités y sont moindres et Paris semble être une ville beaucoup plus adaptée pour y développer une carrière dans ce milieu. »

Yéléna, 22ans, Martinique,

Étudiante en première année de Master de droit des Affaires à l’université de La Sorbonne Paris Nord (USPN).

« J’ai quitté la Martinique après ma terminale pour entamer mes études dans le supérieur, en Économie.

Mon choix était de me diriger vers les meilleures facultés de sciences sociales et l’université de Toulouse était réputée pour son école d’économie (la TSE) d’un excellent niveau ainsi que d’une excellente compétitivité à l’international.

C’est la raison principale pour laquelle j’ai quitté la Martinique, le niveau étant nettement inférieur à la faculté des Antilles et de la Guyane. J’espère un jour retourner vivre en Martinique, si les opportunités me le permettent. Pour l’instant je reste à Paris pour le début de ma future carrière, car les opportunités y sont plus abondantes. »

Thélia, 22 ans, Martinique,

Étudiante en Master MEEF Espagnol dans le but de devenir professeur d’espagnol.

« J’ai décidé de quitter la Martinique après l’obtention de mon Baccalauréat car je souhaitais commencer l’apprentissage de nouvelles langues telles que le catalan, l’italien ou le portugais, ce qui n’était pas possible à l’époque à l’Université des Antilles. De plus, je souhaitais intégrer un programme spécial appelé “MINERVE Espagnol” qui consiste en une sorte de section européenne à l’université, uniquement disponible à l’Université Lumière Lyon 2.

J’aurais aimé pouvoir rentrer en Martinique mais j’ai maintenant une petite fille qui a un père vivant dans l’Hexagone. Je ne peux donc pas y retourner pour que ma fille puisse profiter de ses deux parents. »

Propos recueillis par Cédric Tarquin

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