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des Départements
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Éditorial

Narcise THERESE
Présidente

(Re)Valoriser les territoires ultramarins, les joyaux encore si méconnus de la France hexagonale

Le monde d’aujourd’hui est traversé par des enjeux multiples et variés qui bousculent les systèmes établis, provoquent des mutations sociétales et socio-économiques inédites, bouleversements accentués à toutes les échelles (du local à l’international).

Désormais, la focale à travers laquelle nous appréhendons le réel est planétaire.

Les confrontations avec un présent « indigeste » et les incertitudes de l’avenir réveillent de vieux atavismes et nourrissent, partout, de profondes aspirations au changement, d’aucuns diraient des radicalités. Ces mouvements ont un dénominateur commun, l’accroissement des inégalités et de la pauvreté avec des différences marquées, selon les territoires et les catégories socio-professionnelles.

La France qui a un positionnement et une force singuliers, grâce à ses territoires ultramarins dispersés par-delà tous les océans doit donc affronter de grands défis sur l’ensemble du territoire national pour préserver son unité et sa cohésion territoriales. Ceci la met face à de nombreux paradoxes qui, au fil du temps, jouent contre elle.

A commencer par celui de la pleine intégration des territoires ultramarins, territoires qui lui confèrent son rayonnement international et son deuxième rang de puissance maritime, avec environ 64 % de sa surface maritime située dans les outre-mers. Or, là, plus qu’ailleurs la crise sanitaire a mis au jour de façon brutale, la persistance et le creusement d’inégalités croissantes et criantes, connues depuis des décennies. La situation qui se détériore d’année en année interroge la capacité des politiques publiques à répondre aux problèmes, besoins et attentes de ses territoires éloignés. Mais pour cela encore faut-il comprendre leurs réalités.

Des voix s’élèvent partout pour déplorer la méconnaissance de cette partie stratégique de la France, par les Français hexagonaux. Ce constat qui ne date pas d’aujourd’hui n’est d’ailleurs pas démenti. Il se double d’une déconnexion des enjeux spécifiques de ces territoires au plus haut sommet de l’Etat.

Fini le temps où des présidents et ministres y avaient leurs relais actifs, véritables auxiliaires de politique publique ultramarine, traits d’union entre les populations locales et les hommes d’Etat nationaux qui, lorsqu’il le fallait leurs tendaient la main.

En effet, le rajeunissement de la classe politique nationale dans les principales administrations, à commencer par l’Elysée, a percuté la méconnaissance des responsables politiques nationaux des réalités territoriales ultramarines. Cette tendance lourde amorcée il y a une dizaine d’années modifie de facto le mode de gouvernance du « pays France » qui prospère sur sa dimension archipélique mais qui n’en a pas la culture. Incontestablement, la capacité à appréhender l’exercice de la souveraineté qui doit en découler s’en trouve abaissée et entraîne un schéma relationnel inefficient.

Celui-ci en est-il la cause ou la conséquence ? Il n’empêche que la distension des liens entre la France et ses territoires ultramarins est inquiétante parce qu’elle constitue une véritable menace pour la cohésion et l’unité nationale. Car, avoir d’un côté des territoires oubliés, déconsidérés et incompris dont les populations, pour le moment, se réfugient dans la défiance et les votes extrêmes ; et de l’autre, des acteurs politiques qui sous-estiment le danger, c’est prendre le risque de se précipiter vers le chaos.

C’est dans ce contexte qu’a été créé, il y a bientôt un an, l’IDRECOM, Institut des Départements Régions et Collectivités d’Outre-mer, qui se veut :

  • un levier d’informations, pour éclairer les choix en matière de politique publique ;
  • un espace de réflexions pour accompagner la mise en responsabilité civique et susciter la prise de décisions qui répondent au niveau local aux attentes des territoires et de leurs populations et qui vont véritablement dans le sens de l’intérêt général.

La situation actuelle dans les territoires d’outre-mer français doit également s’appréhender comme une possible préfiguration d’une disjonction territoriale nationale en germe car à chaque fois que le pays France a été confronté à des crises, ces DROM ont été les premiers impactés et ceci, avec des effets cumulatifs qui à chaque fois hypothèquent durablement leur futur.

Il était devenu impératif pour les membres fondateurs de l’IDRECOM, d’activer d’autres leviers pour :

  • Mobiliser et fédérer les expertises locales, construire des synergies opérationnelles gagnantes gagnantes ;
  • Susciter une prise de conscience sur les problèmes de ces territoires en déconstruisant les stéréotypes tenaces ;
  • Lutter contre la désinformation, pour une meilleure connaissance actualisée, positive et opérante des territoires ultramarins français résilients et dynamiques.

Nos remerciements à M. Francis SPIZNER, Maire du 16ème arrondissement et à son Cabinet pour leur soutien.

 

Narcise THERESE
Présidente