IDRECOM

Institut
des Départements
Régions
Et Collectivités d’Outre-Mer

Espace utilisateur

Adelaïde TABLON

Le lundi 4 mars 2024, l’inscription de l’IVG dans la constitution française marque un tournant historique dans la conquête des droits des femmes et un message universaliste conforme à l’héritage du pays des droits de l’homme. A cette occasion, et à quelques jours de la commémoration de la journée mondiale de la femme, intéressons-nous aux héroïnes des territoires transocéaniques de France qui ont bravé bien des dangers, pour défendre non seulement leurs droits mais aussi ceux des citoyens ordinaires.

Adelaïde TABLON, une expression héroïque de la justice et de la liberté

Le 10 juin 1848, l’esclavage est aboli en Guyane. La 3ème République est instaurée, des élections municipales au suffrage universel ont lieu en Guyane, qui est alors divisée en plusieurs communes. Les Guyanais obtiennent le droit de vote dans leurs communes.

En décembre 1889, craignant de perdre le pouvoir sur les communes rurales, les autorités coloniales suppriment toutes les communes, à l’exception de Cayenne. En 1890, la Guyane est alors divisée en deux communes, géré par un administrateur principal nommé par le gouverneur. 

En avril 1890, jugeant que les droits civiques acquis sont bafoués, les habitants des communes rurales se révoltent. 

Le prix de la liberté et de l’égalité

A la suite des heurts violents réprimés par l’armée et la gendarmerie, un grand nombre de personnes, et principalement des femmes, est arrêtée et condamnée.

Parmi elle Adélaïde Tablon, Née le 31 décembre 1838, sur l’habitation Besse à Roura, en Guyane. Agricultrice à l’habitation rural « Malvina » à Roura et mère de trois enfants, elle s’oppose et se bat vigoureusement contre les nombreux gendarmes armés, décidés à réprimer la révolte.

Finalement maîtrisée, enchaînée et emmenée à demi-nue en chaloupe, à Cayenne. Arrivée sur la Crique, la femme du gouverneur lui fait porter des vêtements, par compassion. Elle les refuse, déclarant que ce sont les vêtements du gouverneur, donc ceux du pouvoir colonial répressif qui l’emprisonne. Elle décide fièrement de marcher nue dans les rues de Cayenne, enchaînée, jusqu’à la prison.

Convaincue de la justesse de son combat, déterminée à exiger le respect pour elle et son peuple, elle déclare qu’elle marche nue pour la liberté. Son féroce attachement aux droits acquis a certainement été façonné des décennies plus tôt. Il faut souligner qu’à 10 ans, son âge lors de l’abolition de l’esclavage, elle était déjà engagée auprès de sa famille dans le combat pour les droits humains.

Suite à cette révolte importante dans l’histoire de la Guyane, les communes sont rétablies en 1892, et le 27 décembre 1900 une loi accorde l’amnistie à tous les condamnés de 1890.

Adélaïde TABLON meurt à son domicile à Roura, le 5 mars 1902.

Un héritage populaire

Statue des “Marrons de la Liberté” inaugurée le 10 juin 2008 au Rond Point Adélaïde Tablon à Rémire-Montjoly

Aujourd’hui un rond-point (anciennement Rond-point Vidal) dans la commune de Rémire-Montjoly porte son nom. Au côté du comité Adelaïde TABLON, des générations successives honorent cette femme qui lutta héroïquement pour le respect des droits civiques des Guyanais des communes rurales et qui incarne l’exigence de justice, d’égalité et de libert mais aussi la force et la fierté guyanaise.