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Gerty ARCHIMÈDE

Gerty ARCHIMÈDE, Une grande pionnière des droits des femmes … !

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

Née le 26 avril 1909 dans la ville de Morne à l’Eau en Guadeloupe, Gerty Bernadette ARCHIMÈDE est l’aînée d’une famille de 5 enfants et fille de Justin ARCHIMÈDE qui fut maire de cette ville pendant 6 ans de 1912 à 1949 et conseiller général (1910-1945)..

Après l’obtention de son baccalauréat, Gerty ARCHIMÈDE travaille à la Banque de Guadeloupe pour financer des études qu’elle débutera en Martinique et qu’elle poursuivra à la Sorbonne à Paris.

Avec un remarquable talent oratoire, une passion pour la littérature et la philosophie, elle parvient à s’imposer dans le monde judiciaire jusqu’alors réservé exclusivement aux hommes puis devient bâtonnier de l’ordre des avocats entre 1967 et 1970.

Une militante féministe et engagée

En 1946, elle fut élue première femme députée de la Guadeloupe et, avec Eugénie Éboué-Tell, l’une des deux premières femmes afro-descendantes à entrer à l’Assemblée nationale, membre de la Commission de la Justice et de la législation et, naturellement, membre de la Commission des territoires d’outre-mer.

En 1947, elle présente le rapport de la Commission de la Justice et de la Législation sur le projet de loi permettant aux femmes d’avoir accès à diverses professions juridiques, pour l’égalité des salaires entre les départements d’outre-mer et ceux de la France hexagonale.

En 1948, elle adhère au parti communiste français au sein duquel elle siège comme députée entre le 10 novembre 1946 et 17 avril 1951. Désignée comme représentante de ce parti, elle embrasse la lutte contre le colonialisme qu’elle prône pendant des années, lors de conférences mondiales. Elle travaille aussi avec acharnement et propose des lois d’amnistie pour les délits politiques dans les départements d’outre-mer. Elle réintégrera ensuite le Barreau de Guadeloupe en 1952.

En 1953, cette combattante infatigable est élue conseillère municipale, maire adjointe de la ville de Basse-Terre, conseillère générale puis maire en 1956 en remplacement d’Élie Chauferein.

Cette même année 1953, elle créa la fédération guadeloupéenne de l’Union des Femmes Françaises devenue plus tard « Union des Femmes Guadeloupéennes » sous son impulsion.

Elle milite pour l’obtention de la sécurité sociale et le droit à la retraite pour les femmes de Guadeloupe ainsi que pour une égalité réelle des droits entre les Caraïbes et le continent.

En tant qu’avocate, elle se spécialise dans la défense des travailleurs et des petits clients démunis et humiliés.

Lors de la constitution du Parti Communiste Guadeloupéen (PCG) le 30 mars 1958, elle fait partie des dirigeants.

Elle participe activement à la défense d’Angela Davis et de ses camarades. Elle l’accueillit et la défendit alors qu’elle était bloquée en Guadeloupe en août 1969 et qu’elle était menacée de prison pour son militantisme communiste et anti-colonial mais aussi à cause de livres cubains sur le marxisme que les camarades portoricains d’Angela Davis avaient dans leurs bagages.


Après cette rencontre, Gerty Archimède fut aussi quelques temps l’organisatrice des comités français de soutien à l’activiste qui était recherchée par le FBI et condamnée à mort par les tribunaux californiens pour meurtre, conspiration et kidnapping.

En mai 1980, elle présida le 7ème congrès du parti communiste. Ce sera sa dernière apparition publique puisqu’elle décèdera brutalement, 3 mois plus tard, le 15 août 1980, à son domicile.

Un modèle inspirant

En montrant et en ouvrant la voie de la lutte pour l’amélioration des conditions de vie des femmes et une meilleure représentation de celles-ci dans la société, Gerty ARCHIMÈDE s’impose comme la pionnière de l’émancipation de la femme guadeloupéenne. Elle a aussi laissé un impact considérable et symbolise, aujourd’hui encore, un modèle d’engagement inspirant contre les injustices et inégalités sociales.

Son parcours continue de résonner chez des femmes qui s’engagent. La Guadeloupe est le département français non continental qui a enregistré, avant les autres, le plus grand nombre de femmes élues aux fonctions de maire, conseillère régionale, conseillère départementale. C’est aussi cette région qui a donné à la France, sur deux générations, deux femmes ministres. Sa rencontre avec Angela Davis fit l’objet d’une pièce de théâtre « Pas de prison pour le vent » écrite par Alain Foix, son neveu.

La comédienne et metteure en scène guadeloupéenne Eliane ARNELL-KANCEL rend hommage à cette grande dame dans une pièce de théâtre Gerty ARCHIMÈDE qui retrace la vie de cette héroïne. Sa maison de Basse-Terre, a été labellisée « Maison des Illustres » en 1984 par le Ministère de la culture et changée en musée à la mémoire de cette immense militante sa maison natale à Morne-à-l’Eau ayant été détruite.  Le 13 décembre 2002, un bronze à son effigie fut posé sur le boulevard maritime de Basse-Terre, un buste fut installé sur une place au centre de la ville de Morne-à-l’Eau et une rue du XIIème arrondissement de Paris porte son nom.