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Paulette Nardal

Paulette Nardal, inspiratrice « effrontée » de la négritude

Outre la beauté de leurs paysages et leurs diversités culturelles, les territoires ultramarins ont fourni de grands personnages à la nation française dans de nombreux domaines, tels que les arts et la culture, le sport, la politique, les sciences et la recherche, entre autres.

Certains sont plus ou moins connus et d’autres pas assez ou pas du tout. Quelques-uns, pionniers de grandes causes, sont encore méconnus.

Paulette Nardal fait partie de ces derniers quand bien même il faille saluer les nombreux efforts de pédagogie déployés çà et là pour la faire connaître.Cette figure emblématique de la Martinique, pionnière de la négritude dans la France des années 1930, sera-t-elle la première femme noire ultramarine à faire son entrée au panthéon ?

Née en Martinique d’un père ingénieur, le premier de l’île, et d’une mère pianiste, Paulette Nardal de son vrai prénom Paule, est la première femme noire inscrite à la Sorbonne, à Paris où elle étudie l’anglais.

Jeune femme déjà engagée, elle consacre son mémoire de fin d’études à Harriet Beecher Stowe, abolitionniste convaincue et autrice de La case de l’Oncle Tom, où elle dépeint la réalité de l’esclavage aux États-Unis.

Laissant la Martinique post coloniale derrière elle, la famille Nardal est arrivée à Paris avec des représentations bien construites que les parents partagent avec leurs filles.

“Nous avons été élevées dans l’admiration de toutes les œuvres produites par les Occidentaux“, raconte Paulette Nardal dans ses mémoires.

Dans un Paris libéré et stimulant où foisonnent salons et cabarets, et où évoluent Joséphine Baker ou encore James Baldwin, Paulette Nardal commence à se conscientiser. “Inutile de vous dire à quel point j’ai été heureuse et fière de voir comment les Parisiens, les Français, pouvaient vibrer devant ces productions noires !“, dira-t-elle.

Dans leur appartement situé à Clamart où elles se sont installées, les sœurs Nardal créent un salon littéraire et fondent, en 1931, La revue du Monde Noir dédié à  la “promotion d’un internationalisme noir“, souligne Catherine Marceline, avocate au barreau de Fort-de-France qui milite pour l’entrée de Paulette Nardal au Panthéon. Elle rajoute :  “Elles ont l’idée de créer une revue pour échanger mais il y a déjà des prémices de revendications politiques ». De ce lieu de rencontres avec ses illustres amis Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, à Clamart, est donc né le concept de “négritude” dont Paulette Nardal est assurément l’instigatrice.

La revue du monde noir

Sortie en 1931, La Revue du Monde Noir, connaît une éphémère parution de six numéros, composés de poèmes, de revues de presse, d’articles d’actualité et de réflexions sur la place des Noirs dans le monde, particulièrement dans la société coloniale. 

Les sœurs Nardal s’affranchissent de leur admiration pour les Occidentaux et appellent à un “réveil des intellectuels“, dans un manifeste.

Selon Paulette : “Cette revue, ce mouvement, c’est une chose qui devait arriver “et “elle est arrivée “comme ça”, comme une éclosion brusque“.

Pour Louis Thomas Achille, professeur agrégé et cousin des sœurs Nardal, qui a préfacé une compilation des numéros de la revue, cette initiative est fondatrice pour la libre expression des écrivains issus des îles et surtout à ceux des États-Unis, connaissant peu le français. Il note l’effet démultiplicateur des valeurs révolutionnaires que leur livrait la lecture des poèmes, essais et romans américains, auprès des Haïtiens et des Africains, peu entraînés à parler l’anglais. Il met en évidence “l’apport spécifique de cette revue éphémère à une longue série d’initiatives politiques et culturelles pour secouer le joug colonial, bâtir une véritable identité nègre et alerter l’opinion publique métropolitaine, qui ne connaissait guère que les aspects les plus flatteurs de la colonisation, comme la spectaculaire Exposition Coloniale de Vincennes en 1931.

Pour aller plus loin :

Bibliographie :

https://la1ere.francetvinfo.fr/video-paulette-nardal-intellectuelle-martiniquaise-feministe-penseuse-de-la-negritude-dans-histoire-de-1276964.html

Ouvrage : « Fierté de femmes » Entretien/Mémoires de Paulette Nardal, préface Christiane Eda-Pierre, Auteur Philippe Grollemund, éditions l’Harmattan.